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La réconciliation commence par la vérité

Par Denise Graham, Responsable, Planification et mise en œuvre de la santé autochtone, Santé Ontario, région Est

Je suis une fière Anichinabée-kwe de la Première Nation d'Alderville, située sur le territoire traditionnel et des traités des nations Michi Saagiig (Mississauga) et Chippewa, connues collectivement sous le nom de Premières Nations du traité Williams de 1923. Ma communauté est située au sud du lac Rice, dans le comté de Northumberland. J'ai quitté ma communauté pour poursuivre des études supérieures et ma carrière en tant que jeune adulte, mais je suis toujours restée connectée à ma terre natale, où je réside maintenant de façon permanente.

Les liens au sein de ma famille et de ma communauté sont toujours restés forts. Je suis la plus jeune de 11 enfants. Il ne reste maintenant que deux sœurs et moi, mais nous avons de grandes familles. En raison de la longue histoire de colonisation, nous n'avons pas été élevées dans notre langue, notre culture ni nos coutumes traditionnelles, mais nous avons appris les Sept enseignements sacrés des Grands-Pères (amour, respect, courage, vérité, honnêteté, humilité et sagesse). Je porte ces enseignements avec moi et j'essaie de vivre selon leurs principes chaque jour.

Force générationnelle

Je ne suis pas une survivante des pensionnats ni une victime du programme des années soixante, mais je me souviens de l'agent indien. En tant que petite fille, je me souviens de cet homme qui venait chez nous, toujours sans préavis. Il interrogeait ma mère sur des sujets comme notre alimentation, ce que nous mangions, à quelle fréquence, et si nous étions régulièrement baignés, etc. Il parcourait notre maison, pièce par pièce, en prenant des notes. Il dégageait une mauvaise aura et son ton était tout aussi désagréable. Une fois, ma mère l'a même chassé avec un vieux balai en maïs, lui jurant de ne jamais revenir.

C'était rare qu'elle utilise un langage grossier, mais cela m'a fait réaliser l'importance de ce que représentait l'agent indien et, plus important encore, la protection inébranlable que ma mère avait pour nous. Sa force et sa conviction sont des traits qu'elle a transmis à mes sœurs et à moi.

Au cours de ma vie, j'ai été confrontée au racisme et à la discrimination, y compris à divers degrés de harcèlement sexuel. Cela m'attriste de constater que cela arrive encore aujourd'hui aux peuples autochtones. Nous avons une histoire très riche qui doit être racontée, comprise et acceptée pour que des changements significatifs puissent être réalisés.

Comme l'ont dit de nombreuses personnes autochtones, il ne peut y avoir de réconciliation sans vérité. Je n'ai jamais perdu de vue l'importance de connaître mon identité en tant qu'Anichinabée-kwe et je suis fière d'être qui je suis aujourd'hui. Mes parents ne sont plus là depuis longtemps, et il ne me reste que deux frères et sœurs. Je chéris chaque jour l'amour et le soutien que ma famille me témoigne ainsi qu'à chacun d'eux. J'en apprends davantage sur ma culture et mes traditions, et c'est aussi un voyage passionnant pour moi.

Établir des relations pour améliorer l'équité en santé

Dans mon rôle chez Santé Ontario, mes principales responsabilités sont d'établir des relations significatives et collaboratives en effectuant des visites auprès des communautés autochtones, des organismes autochtones et des fournisseurs de services de santé qui proposent des programmes et des services à la population autochtone. Grâce à ces échanges, je peux identifier les pressions, les problèmes et les préoccupations des communautés. J'ai également l'occasion de découvrir leurs réussites et leurs meilleures pratiques, ce qui est tout aussi précieux.

Mon objectif est d'accroître l'appréciation de la richesse de l'histoire, des compétences et des connaissances des communautés et des peuples autochtones. Les communautés et les organismes autochtones se heurtent à de nombreuses difficultés liées au fonctionnement des divers niveaux de gouvernement. Il existe également de nombreux processus systémiques qui influent sur notre capacité collective à mieux répondre aux besoins de la population autochtone.

Se souvenir, réfléchir, agir

Le 30 septembre est la Journée nationale de la vérité et de la réconciliation. C'est une occasion de se souvenir, de réfléchir et d'agir. Pour tous ceux qui travaillent dans le secteur de la santé, je recommande vivement de suivre la formation sur les relations avec les Autochtones et la sensibilisation culturelle offerte par Santé Ontario. Ces cours examinent l'impact du colonialisme, les déterminants sociaux de la santé, les réalités politiques actuelles et le racisme persistant sur la santé des Premières Nations, des Inuit, des Métis et des Autochtones en milieu urbain. Ils favorisent également une sensibilisation accrue à l'histoire, à la culture et aux connaissances des Premières Nations, des Inuits et des Métis, et soulignent leur influence sur la santé et le bien-être de la communauté.

Dernière mise à jour: 27 septembre 2024